Le saviez vous ?
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Energie et approvisionnement
Impact sur le paysage
Impact sur l'environnement
Aspects économiques
L'article 71a de la loi sur l'énergie approuvé par le Parlement en automne 2022 dans le cadre des mesures urgentes en lien avec le risque de pénurie contient les éléments suivants :
Le détail peut être consulté en ligne :
La version définitive des ordonnances devrait être dévoilée mi-mars pour une entrée en vigueur au 1er avril 2023.
Pour le canton du Valais, il faut aussi tenir compte du décret concernant la procédure d'autorisation de construire de grandes installations photovoltaïques.
Certains voient l'aménagement du territoire comme une pure tracasserie administrative, comme un obstacle technocratique qu'il convient de contourner.
Dans la loi sur l'énergie, les installations solaires alpines « ne sont pas soumises à l'obligation d'aménager le territoire » (art. 71a alinéa 1c de la loi sur l'énergie). Est-ce donc plus simple ? Pas sûr...
De nombreux éléments sont liés au territoire :
Sans procédure d'aménagement du territoire il est impossible d'opérer des choix, de définir des priorités, de privilégier les meilleurs sites.
Quelles sont les approches des cantons ?
Le sol est une ressource limitée et non renouvelable. La loi sur l'aménagement du territoire commence par ces mots :
"La Confédération, les cantons et les communes veillent à une utilisation mesurée du sol et à la séparation entre les parties constructibles et non constructibles du territoire. [...] ils s'emploient à réaliser une occupation du territoire propre à garantir un développement harmonieux de l'ensemble du pays."
La loi fédérale urgente a supprimé plusieurs garde-fous :
Les ordonnances fédérales ont encore facilité les choses (délai repoussé à 2030, injection de 10 GWh)...
Les enjeux sont énormes, on parle de 2 TWh soit environ 2 milliards de CHF dont plus d'un milliard de subventions (sans compter les coûts du réseau).
Le canton du Valais a un historique récent de scandales et fraudes en lien avec la construction, l'aménagement du territoire et les subventions fédérales (autoroute, Verbier, etc.). Quelle est sa réaction ?
C'est l'option b qui a été retenue.
Le décret cantonal écarte les derniers garde fous :
Est-ce anodin ? Quelles sont les conséquences ? Eléments de réponse ci-dessous.
Nous avons vu ci-dessus que tous les garde-fous ont été soigneusement écartés. Cela soulève plusieurs questions :
Tous les ingrédients d'un scandale majeur sont réunis : urgence + proximité + enjeux financiers + pas de garde-fous. Et ça donne quoi ? Un projet de parc solaire de 3 km2 au beau milieu d'un parc naturel, présenté comme une contribution au développement durable.
La loi sur l'énergie (art. 71a) vise 2 TWh de solaire alpin, dont 50% en hiver. Est-ce que cela peut accélérer la transition énergétique ?
Et du côté de la consommation ? La sobriété n'est pas évaluée, mais une économie de 5% seulement représenterait 3 TWh.
Selon l'OFEN, le potentiel de l'efficacité est de 25 à 40% soit entre 14.5 et 23 TWh d'électricité qu'on gaspille.
Ce n'est donc pas très rationnel d'aller bétonner les alpages pour produire du courant qu'on gaspille...
Si on voulait vraiment accélérer la transition énergétique et climatique on pourrait s'attaquer aux 21.5 TWh de kérosène consommés ou aux 55 TWh de carburants fossiles ou encore aux 100 TWh consommés par les bâtiments...
Le solaire alpin améliore la sécurité d'approvisionnement. C'est certain! Ou pas.
Pour rappel, on parle d'ajouter maximum 2 TWh de production solaire PV sur les alpages d'ici 3 à 4 ans.
En 1950, la production d'électricité suisse était de 10 TWh. En 2019 c'était 72 TWh. On a donc ajouté 0.9 TWh par an pendant 70 ans! Est-ce que la sécurité d'approvisionnement a augmenté ? Non. Pourquoi ? Parce que la consommation d'électricité a augmenté dans les mêmes proportions !
Donc sans politique de maîtrise de la consommation d'énergie (sobriété et efficacité), l'augmentation de production n'apporte pas de gain sur la sécurité d'approvisionnement. Et malgré le potentiel gigantesque de l'efficacité (14 à 23 TWh) et de la sobriété (au moins 3 TWh), on continue d'accorder un rôle très secondaire à ces leviers. Dommage.
On n'a donc pas de politique de sécurité d'approvisionnement coordonnée. Mais il y a pire : la sécurité d'approvisionnement dépend du maillon faible et celui-ci est rarement où on l'attend.
Alors qu'est-ce qu'on fait ? Ben on construit des centrales à gaz de secours, on paie les barrages pour ne pas produire et on subventionne des centrales solaires non rentables sur les alpages pour produire du courant qu'on gaspille au nom de la sécurité d'approvisionnement.
Last but not least, rien n'empêche que ces centrales alpines soient subventionnées par les Suisses, construites par des Autrichiens, détenues en majorité par des Français, exploitées par des Allemands et que le courant soit intégralement exporté vers l'Italie. Vive le marché !
Ça vous révolte ? Mettez un pull en hiver et du solaire sur votre balcon.
Le solaire alpin produit 4x plus que le solaire sur le plateau Suisse. Vrai ou faux ?
Avec l'obsession du Winterstrom on voit de plus en plus cette affirmation. L'origine remonte à 2020 où les chercheurs du WSL publient les résultats de l'installation test de Davos et la comparent à celle de l'installation de la ZHAW à Wädenswil.
Le problème de cette publication est qu'elle compare des installations très différentes (localisation, orientation, inclinaison et technologie monofacial vs bifacial). Il est donc difficile de démêler l'influence des différents paramètres.
J'ai donc simulé 5 installations solaires PV de même puissance (1 kWc et seulement en monofacial) :
Comme ça on peut comparer par paires de courbes et voir l'influence des paramètres sur la production. (Le bifacial est exclu de la simulation, mais améliore les résultats de 25% environ sur l'année.)
Résultats :
Sans le biais des subventions (60% pour une grande installation alpine), on ferait des installations solaires proche des consommateurs (toitures, façades, ombrières, sur les balcons des appartements des stations de ski, etc.), là où les oppositions sont nulles, les coûts d'installation sont les plus faibles et l'autoconsommation la plus élevée.
Selon RomandeEnergie qui exploite le parc solaire du Lac des Toules : « Selon les études réalisées jusqu'à ce jour, le rendement du parc solaire, situé en altitude, sera jusqu'à 50% supérieur à celui d'un parc similaire installé en plaine. Ce résultat s'explique par la réverbération de la lumière sur la neige (effet d'Albédo), les températures moyennes plus basses et la couche atmosphérique plus fine (indice UV plus élevé). »
Selon Romande énergie, la production serait supérieure de 48% (sans les pertes réseau), par rapport à une installation comparable à Aigle (1'800 kWh/kWc contre 1'222 kWh/kWp).
On est donc très loin du facteur 4 répété en boucle par les promoteurs des parcs solaires alpins.
La production accrue du solaire PV alpin vient en partie de l'albédo (le pouvoir réfléchissant d'une surface). La neige réfléchit en moyenne 80% de la lumière, contre moins de 20% pour l'herbe.
Enfin un argument POUR le solaire alpin ! Cependant :
Note 1 : En passant je vous laisse apprécier l'impact paysager de ces 120 modules par rapport à un humain... Le sommet des panneaux solaires est à près de 4m de haut...
Note 2 : Maquette 3D réalisée sous SketchUp. Panneaux solaires Qcells 485 W, dimensions 2.2 * 1.04 m, inclinaison de 70 degrés, orientation plein Sud, hauteur libre sous panneaux de 2m, fondations ponctuelles avec profils acier en H, espace entre les rangées de 3.6 m, pente du terrain de 20 degrés.
Voici Rossfeld, zone commerciale d'une des villes les plus ensoleillées de Suisse (Sierre).
En 2 minutes avec geo.admin.ch on trouve ainsi plus de 20'000 m2 de toitures qui n'ont pas de solaire (en rouge) : Jumbo (Coop), Denner, Manor, Ottos, Eden... Ces toitures sont ultra rentables pour deux raisons :
Comme on le voit, il est urgent de bétonner les alpages et les réserves naturelles pour installer des centrales solaires non rentables afin de préserver les toitures en plaine.
Voici l'installation pilote de Grengiols qui doit servir à récolter des données pour le futur méga parc solaire.
Est-ce que quelque chose vous choque ? Non je ne parle pas de cette plateforme en béton éco, de ces poutres en acier bio ou de ce container bleu lagune au milieu d'un futur ex alpage à 2'500m...
Est-ce que les panneaux PV du futur parc seront à 4 m de haut ? Non. Isolés les uns des autres ? Non. Entourés à 360 degrés de neige immaculée et bien réfléchissante ? Non. Sans aucun ombrage ? Non. Donc cette installation va récolter des données réjouissantes, des productions record qui ne correspondent en rien à la suite...
Et ensuite on va comparer ça avec le rendement d'une toiture orientée Nord sous le brouillard à Berne le 21 décembre pour expliquer pourquoi il est indispensable de bétonner nos alpages pour réussir la transition énergétique.
Winterstrom ! Winterstrom ! Un monde de Guignols.
C'est difficile de se rendre compte de ce que représente un parc solaire alpin qui produit x millions de kWh d'électricité.
L'image ci-dessous représente une parcelle de 400 m2 avec 120 panneaux solaires bifaciaux (Qcells 485 W) d'une puissance totale de 58.2 kW.
Voici l'alpage de Furgge (Grengiols) avec seulement 60 panneaux solaires verticaux (125 m2 au sol, 23 kWc).
(Note 1 : modélisation 3D sous Sketch Up de supports next2sun avec modules bifaciaux MeyerBurger Glass en pose horizontale. La garde au sol est ici de 40 cm, elle sera certainement beaucoup plus grande pour tenir compte de la neige.)
(Note 2 : pour ceux que ça intéresse, Sketch Up fonctionne très bien pour visualiser les ombres portées en fonction du jour et de l'heure. Sur cette modélisation on voit bien que la rangée du bas est complètement ombragée le soir et le matin.)
Une image vaut mille mots, voire plus. Dans le cas du solaire alpin, la course aux subventions est lancée. Pour produire 2 TWh il faut investir près de 2 milliards de francs. Les 60% de subventions en jeu représentent donc près d'un milliard de francs.
Il faut donc séduire les investisseurs, les partenaires, la commune, le canton et l'opinion publique. Et pour cela rien de tel qu'un photomontage sous un angle flatteur.
A quel point est-ce trompeur ? Selon la loi, la limite minimale par parc solaire est de 10 GWh/an, ce qui représente entre 15'000 et 30'000 panneaux solaires PV sur un même site... pour les plus petits projets.
Le diaporama joint montre une sélection d'images utilisées par les médias, les promoteurs ou les opposants... et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a une certaine pudeur à montrer trop de panneaux (sans parler des lignes HT et des onduleurs, carrément absents).
Certains promoteurs choisissent même de ne pas du tout communiquer pour éviter une levée de boucliers, comme le révèle l'Aargauer Zeitung du jour. C'est le cas par exemple de nombreuses stations de ski en Engadine, dans l'Oberland bernois ou encore en Valais (p.ex. Grimentz selon le journal).
Difficile dans ces conditions de prendre conscience de l'impact sur le paysage de telles installations.
Solaire alpin : comment représenter au mieux quelque chose qui n'existe pas encore à cette échelle ?
Pour illustrer les articles sur le solaire alpin, les médias utilisent soit des images biaisées fournies par les promoteurs des parcs solaires alpins, soit des images hors sujet (solaire en toiture, solaire sur des cabanes de montagne, etc.).
Il y a pourtant moyen de faire mieux :
Pour illustrer cette page j'ai utilisé une photo iStock d'une installation solaire en Autriche.
Et là, j'ai pris le temps de tester Midjourney et DALL-E. Le résultat est illustré dans le pdf joint.
Si moi j'arrive à faire ça en une heure chez moi avec un compte d'essai gratuit, peut-être que les médias pourraient le faire aussi, non?
Voici l'exemple de Piztal au Tirol en Autriche.
« L'installation photovoltaïque la plus haute d'Europe se trouve à une altitude d'environ 3'000 m, au coeur du domaine skiable du glacier du Pitztal et alimente sur place les installations des téléphériques du glacier du Pitztal en électricité. Pour accueillir les 3'504 modules PV, un système de support en acier composé de 80 chevalets et de 73 poutres métalliques d'une portée de 20 m chacune a été mis au point. Dans un terrain rocheux et inaccessible, la mise en œuvre de ce système a nécessité la réalisation d'un total de 188 fondations individuelles de petite surface avec des micropieux forés. L'ensemble de la planification de l'exécution et de l'ouvrage des fondations et de la construction métallique a été réalisé sur la base de données actuelles de photos aériennes (scan laser 3D). Les éléments de la construction métallique n'ont pu être acheminés jusqu'au site de montage qu'en empruntant le chemin de secours existant et extrêmement pentu, qui traverse en partie le glacier du Pitztal et présente des pentes allant jusqu'à 30 %. Le béton, les petites pièces et les modules PV ont dû être transportés vers le haut au cours d'innombrables trajets avec le téléphérique du glacier. Les tables de modules ont été prémontées sur le chantier, équipées des modules PV encore au sol et déplacées au millimètre près à l'aide d'une grue mobile tout-terrain. L'ensemble du projet, y compris les études détaillées, a été réalisé en seulement huit mois (de février à septembre 2015). »
A noter que cette installation est environ 4x plus petite que la limite minimale fixée dans la loi sur l'énergie (10 GWh/an). Quelques constats :
Source : Photovoltaikkraftwerk am Pitztaler Gletscher. Traduction avec Deepl. Image : Haslinger (construction métallique)
Essayons de voir ce que ça donne pour un parc de 10 GWh de production (le minimum prévu par la loi sur l'énergie).
Avec 1'400 kWh/kWc on obtient une puissance de 7.1 MW. Avec un panneau solaire bifacial puissant (p.ex. Qcells 485W) ça ferait au moins 15'000 panneaux.
Combien de fondations ? On le voit sur les photomontages :
Donc dans le meilleur des cas ça ferait 3'000 fondations ponctuelles ou une tous les 5 m. Comme le sol est mince, instable, caillouteux, pentu, on fait essentiellement des micropieux forés avec une pelle araignée de 13 tonnes (image jointe). Imaginez ça dans votre jardin. Un trou tous les 5 mètres. Quel est l'état de votre talus fleuri après la pose des fondations ? Et c'est juste le début.
En plus de la pelle araignée qui va arpenter toute la surface il faudra aussi :
Puis il faut encore :
Est-ce qu'un tel chantier est sans impact sur le sol ? Est-ce que c'est compatible avec une réserve naturelle ?
Note : pour un parc comme Grengiols on peut multiplier les chiffres par 60 environ (600 GWh, 440 MWc, 910'00 modules, 180'000 fondations ponctuelles).
Après celle de Grengiols, voici l'installation pilote de Gondosolar.
Ça vend du rêve non ?
Le paysage est défiguré. Le sol est labouré par les machines de chantier. Et ce sont juste 3 minuscules rangées de 12 m alors qu'on parle d'une surface de 100'000 m2.
Et tout ça hors zone à bâtir et sans aucune autorisation de construire.
Je suis hyper favorable au solaire, très favorable au solaire alpin, sur les barrages (mur et lac), sur les infrastructures, sur les bâtiments, sur les balcons, sur les toitures, sur les façades, sur les remontées mécaniques, sur les mayens et les étables... Mais là on est en train de faire n'importe quoi dans la précipitation.
Pendant ce temps le potentiel des économies d'électricité est de 14 à 23 milliards de kWh. On peut acheter aujourd'hui un pommeau de douche de classe G et un chauffe eau électrique, utiliser un radiateur électrique dans une maison de classe G, il est interdit d'éteindre l''éclairage public la nuit sur les routes cantonales dans les localités, on peut déneiger des rampes d'accès avec des nattes électriques...
Et le parlement cantonal a vidé la loi sur l'énergie de sa substance.
Mais... Winterstrom ! Winterstrom !
On a ouvert la boite de Pandore. Les projets de solaire alpin poussent comme des champignons après une pluie de subventions. Après Gondo, Grengiols, Prafleuri, Nalp.. voici Ovronnaz.
Tous ces projets sont situés dans des endroits reculés, loin des consommateurs, avec tous les problèmes que cela engendre (biodiversité, lignes HT, transports, pertes réseau...). Or la biodiversité en Suisse est gravement menacée (cf. infographie). Est-ce qu'on veut vraiment faire les mêmes erreurs qu'avec le climat et aller jusqu'à l'irréversible ?
Pour rappel on gaspille 25 à 40% de l'électricité qu'on consomme et les toitures permettraient de produire 60 TWh, soit plus de 3x ce qu'il faut pour remplacer les centrales nucléaires.
Selon certains « spécialistes » le solaire PV alpin aurait un impact négligeable sur la biodiversité :
Cette approche en silo peut être appuyée par des bases de données ou des publications scientifiques prises hors contexte (p.ex. études réalisées en plaine) qui donnent une apparente crédibilité. Une excellente base pour une étude d'impact de complaisance !
Mais en réalité si on considère l'écosystème (milieu naturel + espèces) de manière globale :
De nombreuses espèces alpines sont déjà menacées par les activités humaines et le réchauffement climatique. Cette nouvelle pression sur les habitats naturels devrait être évitée autant que possible en privilégiant les installations solaires sur les infrastructures existantes (murs et lac de barrages, toitures, façades, balcons, etc.) ou au moins sur les sols stériles...
Note 1 : ce post est en réaction à une présentation faite par un bureau d'étude du haut-Valais sur l'impact du solaire alpin sur la faune et la flore.
Note 2 : la réalité est naturellement plus complexe que ce qu'on peut décrire en 10 lignes ... Chaque projet sera à analyser individuellement.
Il arrive parfois que des grandes installations solaires prennent feu. On peut citer les incendies de Fischbach (Allemagne, 2011), Rathenow (Allemagne, 2018), Traiskirchen (Autriche, 2019), Yakamura (Japon, 2019), Ekian (Espagne, 2022), Magescq (France, 2022), Piolenc (France, 2022), Laupheim (Allemagne, 2023)...
Les causes peuvent être multiples : surtension, foudre, rongeur, arc électrique, module défectueux, contact défectueux, erreur d'installation, défauts, événements naturels, etc.
Les conséquences sont multiples : dégâts matériels, arrêt de production, risque de réaction en chaîne sur le réseau électrique, manque à gagner pour le producteur, risques sanitaires et environnementaux, etc.
Les émissions de polluants lors de l'incendie viennent de la combustion des matériaux (panneaux solaires, câbles, électronique) et des produits utilisés pour éteindre le feu (eau avec additifs, mousses ou poudres). Les émissions se font sous forme de gaz toxiques, de particules et de liquides (essentiellement non biodégradables) qui vont contaminer l'environnement et être lessivés par les pluies dans le bassin versant.
Quelle sont les mesures à prendre ?
Références :
Voici le parc naturel régional de la vallée de Binn (en vert clair) avec l'implantation de Grengiols solar (en rouge) au cœur du parc. En bas à gauche la ville de Brigue pour vous situer.
Voici un extrait de l'ordonnance fédérale sur les parcs d'importance nationale :
Art. 20 Préservation et valorisation de la nature et du paysage
Pour préserver et valoriser la qualité de la nature et du paysage d'un parc naturel régional, il faut:
C'est à l'opposé du projet Grengiols solar et la commune devra donc choisir entre le parc naturel et le solaire alpin.
Ce projet Grengiols solar c'est 440 MW. Par comparaison, le potentiel du solaire sur les parkings existants en Suisse est évalué entre 6'000 et 10'000 MW (Solarstrom auf Parkplatzüberdachungen, Suisseénergie 2022).
Le parc solaire d'Hérémence (combe de Prafleuri) est situé dans un district franc.
Ordonnance concernant les districts francs fédéraux, article 1 :
« Les districts francs fédéraux (districts francs) ont pour but la protection et la conservation des mammifères et oiseaux sauvages rares et menacés ainsi que la protection et la conservation de leurs biotopes. Ils ont en outre pour but la conservation de populations saines d'espèces pouvant être chassées, adaptées aux conditions locales. »
Dans un district franc il est notamment interdit de déranger les animaux, de camper, de chasser, de skier et de circuler sur les routes d'alpage...
Alors qu'une grande installation en toiture coûte moins de 900 CHF par kWc installé, le solaire alpin coûte entre 2.5 et 6 fois plus.
Le coût élevé du parc solaire du Lac des Toules s'explique par une démarche pionnière, par une structure innovante de flotteurs résistants au gel et par l'absence d'économies d'échelles sur une première zone test (seulement 3% de la surface totale).
Le coût élevé de Muttsee s'explique par la structure en acier éloignée du mur pour permettre en tout temps l'inspection du mur du barrage.
L'installation de Gondo est représentative de la plupart des projets au sol en cours de développement sur les alpages. Mais pourquoi est-ce que ça coûte près de 2.5 fois plus qu'une installation en toiture ?
Heureusement avec 60% de subvention, une installation à 2'300.- CHF/kW revient à 900.- (quel hasard !).
Rapporté à 2 TWh ça fait environ 3 milliards d'investissement dont 1.8 milliards de subventions.
Un gros gaspillage de ressources (sol, paysage, métaux, béton, argent) pour produire du courant qu'on gaspille (chauffage électrique, éclairage public, vieux appareils, etc.).
En parallèle, le Conseil fédéral va investir 7 millions de francs pour poursuivre en 2023 la campagne stop gaspillage et le budget annuel de prokilowatt est de 40 millions de francs. Des cacahuètes en comparaison.
(Calcul rapide pour Gondo : 42 millions d'investissement, avec 60% de subvention, 23.3 GWh/an, sur 30 ans selon l'OFEN, ça fait 3.6 ct/kWh de subvention. )
C'est vous, les consommateurs (familles, PME, industries, communes, etc.). Comment ?
La loi sur l'énergie dit : « Les installations reçoivent une rétribution unique s'élevant au maximum à 60 % des coûts d'investissement. »
Ce montant est financé par la taxe sur l'électricité, donc par vous, les consommateurs.
De plus : « Tout renforcement des réseaux nécessaire à l'injection de l'électricité produite par ces installations fait partie des services-système de la société nationale du réseau de transport. »
En clair, ce montant est payé par Swissgrid, qui refacturera aux consommateurs (timbre réseau, transport d'électricité). D'ailleurs Swissgrid a annoncé le 23 mars dernier une augmentation conséquente des coûts de transport pour 2024 (due à la réserve hydraulique et aux centrales à gaz de secours).
Donc vous payez le réseau et le parc solaire alpin. Et en échange ? Vous ne recevez rien, l'électricité produite appartient au producteur, qu'il vous vendra ensuite au prix plein.
Donc en fait vous payez la vache, puis le lait. Et ce n'est pas fini.
Le producteur peut aussi utiliser ce courant pour pomper l'eau dans un barrage, puis se faire payer pour ne pas la turbiner. C'est ce qu'on appelle la réserve stratégique, une sorte d'assurance anti-pénurie. Cette énergie peut être turbinée et vendue après l'hiver.
Donc vous avez payé le courant 3 fois : la vache, le lait et le fromage. Et vous restez captifs de votre distributeur et dépendants de ses fournisseurs.
Alors que le solaire sur votre toiture ou votre balcon coûte en moyenne 2x moins cher que le courant du réseau, et le surplus est injecté et rémunéré. C'est la décentralisation et démocratisation de la production.
Le côté absurde n'a pas échappé au dessinateur Igor Paratte (Pigr).